Rencontre inatendue, ou une merde dans le genre

Keith avait pris une sale habitude depuis un moment : celle de s'enfermer dans son QG en ruminant toutes sortes de pensées noirs. Ne vous avais-je pas déjà dit que c'était là l'activité favorite des Anker? Seulement, cette activité étant plutôt malsaine et destructrice, il fallait bien trouver un autre loisir. En l’occurrence, allez enfumer un bar non fumeur et défier quelques brutes tatoués lui avait paru une distraction tout a fait satisfaisante. Mais éphémère. Il se retrouvait maintenant a déambuler dans les rues de la zone neutre, il ne pouvait pas aller taper des idiots sans conséquences autres parts, un bleu naissant sur la mâchoire, en débardeur, sa chemise ayant disparut on ne sais où, avec une tête a faire fuir même le plus accueillant des moines bouddhistes. Il se laissa tomber sur un banc, en cherchant ses clopes. Elles aussi avait disparut.
- Soirée de merde.

Keith n'avait qu'une envie, envoyer bouler sans remord cette individu qui dérangeait sa dépression journalière. Non ils n'avaient pas de problèmes, tout allait parfaitement bien, les seules choses qu'ils avaient perdu étant sa chemise et son paquet de cigarette. Et éventuellement l'homme qu'il aimait, mais c'était accessoire.

- J'ai pas besoin d'un psy qu.. de...je...quoi ?!

Le soudain problème d’énonciation de Keith venait du fait qu'il avait enfin poser ses yeux sur l'élément perturbateur. Un blond aux yeux verts en pantalon de cuir qui ressemblait comme deux gouttes d'eau a... Merde alors, il pensait avoir moins bu que ça. S'il se mettait a avoir des hallucinations, peut être bien qu'il avait un problème en effet. Parce qu'il était tout a fait IMPOSSIBLE que ce que la personne qu'il voyait soit réelle.

- Mais...de... C'est quoi ce bordel encore ?!

Keith avait actuellement oublié que son visage était capable d'exprimer autre chose que de la stupéfaction, et qu'il avait la possibilité de faire des phrases ne contenant aucune onomatopée. Pour couronner le tout l'illusion était clairement en train de l'aguicher. Sûr que c'était un rêve, il devait surement être en train de faire un coma éthylique sur ce banc. L'expression de Keith s'abrutit encore plus lorsque matthew commença son cinéma. Bon sang, sa conscience était vraiment tordue pour inventer ce genre de rêve.

- Non, bah non, au contraire, c'est là un gros problème d'ailleurs... Et puis des rides a ton âge, c'est pas possible nan ? Enfin...

Il s'arrêta au milieu de sa phrase, réalisant qu'il réalisant qu'il divaguait totalement.

- Tu m'excusera, je me permet...

Il tendit une main vers le visage de sa perturbation et lacha un gros soupir de désespoir lorsque sa main rencontra sa joue. Bordel. Bordel de merde il était réelle, existant, matérielle. Cette fois c'étais finis, son cerveau l'avait abandonner.

- Ok. Je pensais que tu était un rêve, enfin dans le cas présent, ce serait un plutôt un cauchemar, pas pour te vexer hein, t'as rien de cauchemardesque physiquement parlant, c'est juste personnel. Sauf que pourquoi est ce que j'aurais crée un duplicat qui a ses deux yeux et les cheveux entièrement blond ? ça n'a aucun sens. Donc j'en déduis que t'es réel.

Le monologue intérieur de Keith était sortit de sa tête, pour cause de surplein de pensées. Il reprit toutes les phrases qui venaient de lui être adressé, se concentrant au maximum pour détaillé le visage de l'inconnu. Quelqu'un qu'il avait aimé n'est ce pas ? Qu'il avait aimé suffisamment pour que son sosie vienne le hanter.

- Ayden.

Il avait l'impression de s'écorcher la langue rien qu'a prononcer ses deux syllabes. Aïe, il ne pensait pas que ce serait aussi douloureux.

Keith, qui avait déjà assez de mal a se concentrer habituellement, se perdait totalement dans le bavardage de Matthew. Et il ne pouvait pas s'empêcher de le dévisager. Difficile de se focaliser sur ce qu'il racontait alors qu'il était occupé a détaillé chaque trait de son visage. La ressemblance était impressionnante. Terriblement impressionnante. Il se décida finalement a saisir la main qu'il lui tendait, avec hésitation.

- Keith... Keith Anker.

Puis, se rendant compte que depuis le début de la rencontre, Keith faisait un peu l'effet d'un Ken,charmant mais terriblement stupide, il se décida a organiser le bordel dans sa tête, et a effacer cette expression de confusion totale de son visage.

- Sérieusement, tu ne sais pas qui est Ayden Blacksun ? D'où tu débarque....

Il était inévitable pour tout habitant de la ville souhaitant survivre de connaitre certains noms.

- J'ai pas de peine de cœur. Et je ne me suis certainement pas fait larguer.

il détourna le regard en croisant les bras. Il était impensable qu'il raconte sa peine a ce Matthew sortit de nulle part, qui plus est, le sosie de la raison de la peine en question. Et puis quelle peine d'abord ? Ayden et lui étaient ennemis, rivaux, rien de plus.

Son cœur rata un battement lorsque qu'il sentit sa main effleurer celle de de Matthew. Bordel, quand était il devenu comme ça ? Aussi sensible et naïf qu'une adolescente en fleur ? Enfin techniquement, il était a peu près toujours un adolescent. Ce qui ne restait pas une raison suffisante pour se comporter comme l'héroïne d'une quelconque comédie romantique.

- Oh, donc tu sais qui je suis.

Mais pas lui. Eh bien, il fallait dire qu'Ayden était tout de même plus discret. Certainement en fait. Il avais du mal a l'imaginer gueulant dans les bars, prêt a taper sur tout ce qui bouge, chose qui avait valu la notoriété de notre cher Keith Anker, entre autre. Il se tourna a nouveau vers mat' avec un petit sourire en coin, rapprochant son visage du sien, suffisamment pour qu'il n'ait pas a élever la voix plus haut qu'un murmure pour se faire entendre.

- Si tu sais qui je suis, tu devrais savoir que ce n'est pas très prudent d'être aussi proche de moi.

Ah bon sang, c'était trop étrange de "flirter" avec le sosie d'Ayden. Et sûrement un peu malsain sur les bords. Tant qu'à savoir s'il s'était fait larguer... Pas vraiment n'est-ce pas ? C'était lui qui avait envoyé Ayden paître en premier après tout. SAuf qu'il lui avait couru après dans la minute suivante... Et qu'au final c'était bien Ayden qui avais mis fin a leur relation. Donc... au final... il s'était bien fait larguer par Ayden. Argh. Il se recula a nouveau.

- Je ne me suis PAS fait larguer. C'était un accord commun.

hmm, soit Matthew était trop détaché, soit il avait une bonne raison ne pas pas avoir ne serait-ce qu'un soupçon de peur pour l'un des personnalités les plus craintes de la ville. Keith remarqua une nouvelle chose lorsque le blondinet se leva : les vêtements en cuir. Une obsession d'Ayden, par ailleurs. Encore un détail déroutant. Aussi déroutant que le visage de matthew aussi proche du sien.

- Vous vous ressemblez autant que des jumeaux. Physiquement.

Car de ce qu'il avait pu jaugée, ce n'était pas le cas mentalement. Loin de là.

- C'est plutôt terrible..

marmonna-t-il pour lui même

Keith écouta attentivement les mots qui lui étaient adressé, forçant son cerveau embrumé a les assimiler. Ce qui fut bien moins pénible qu'il ne le pensait. La révélation lui fit le même effet qu'une claque au réveil : douloureuse mais efficace. Il resta silencieux quelques minutes, fixant Matthew avec ce regard illisible. Puis il se leva a son tour, lentement.

- Alors, c'est toi, il laissa échapper un petit ricanement avant de continuer, Matthew de Longray n'est ce pas ? Eh bien, Eh bien.

Il avait beau ne pas avoir élevé la voix, son ton était vibrant de haine. Ses muscles semblaient se contracter sous l'effet de la colère. D'un coup rapide, il saisit le col de mat' a deux main pour le plaquer violemment contre le mur.

- Tu disais ne pas avoir peur de moi. Tu devrais. Par ce que je te hait.

Oh, Keith se foutait pas mal de l'éventuel peine qu il pouvait causer a son opposant. Il avait besoin de responsable. De personne sur qui passer sa colère pour oublier sa tristesse.

- En effet tu ne le connais pas. Mais moi si. Ça te déplaît qu'il m'ais choisit ? Rassure toi, on est uniquement ennemis maintenant.

Keith serra les dents, raffermissant sa prise. La colère lui dictait son comportement, et il se laissait volontiers aveugler par ce sentiment.

- Et c'est a cause de toi.

Le coup parti brusquement. Son poing s'écrasant contre la joue de Matthew lui procura une satisfaction malsaine. Il craqua les quelques phalanges qui ne l'avais pas été dans le choc, il n'en avait pas terminer. Pas encore.

- Quel dommage hein, que je sois idiot, je ne sais pas réfléchir avant de frapper. Oh et ce n'est pas a cause de ton visage. A vrai dire, ça me rend presque triste de l’abîmer. Ouais, presque.

En temps normal, désarmé et face a un flingue, Keith aurait surement fait profil bas. Mais pas ce soir, pas devant lui. Avoir une arme a feu pointé sur lui le rendait encore plus enragé.

- Ouais, je suis un grand malade, un mec désespéré et colérique qui se soigne en tapant sur les autres. Et tu veux savoir pourquoi ?!

Il avança d'un pas, le regard noir, planté dans les prunelles de son adversaire, se tenant aussi haut que sa stature lui permettait.

- Tu veux savoir ce que tu m'as fait ? Tu n'as que regarder, il écarta les bras se désignant lui même, Franchement je traîne dans les rues de la zone neutre a moitié défoncer, avec de nouveaux bleus venant s'ajouter a ceux de la veille, j'ai même perdu ma chemise.

Il ricana a nouveau, faisant un pas de plus.

- C'est ce que tu m'as fait. Tu me l'as pris. Il était avec moi, et ça me rendait heureux, ouai, ridiculement heureux. Mais il a fallu que TOI, tu intervienne. Je ne sais pas comment, je ne sais même pas si c'est volontaire ou non. Mais je m'en fout. Tu m'as détruit... Meg.

Les mots sortaient sans qu'il puisse les stopper. Jusqu'à ce que ce prénom sorte. Alors il s'accorda une pause, il arrêta un instant de cracher le venin qui circulait dans ses veines depuis la première fois où il avait entendu ces trois lettres.

- Et ça, je ne te le pardonnerai jamais.

Son poing s'écrasa a nouveau, mais sur le mur froid. Il ne ressentait même pas la douleur du choc qui se diffusait dans sa main. C'en était trop. "Meg" venait, comme on le dit si bien, de retourner le couteau dans la plaie.

- Tu es désolé hein ? DÉSOLÉ ?! JE ME FOUT TOTALEMENT QUE TU SOIS DÉSOLÉ !

Il passa une main sur son visage, vaine tentative pour se calmer.

- Tu veux savoir... quand j'ai entendu ton putain de surnom ?! Je vais te le dire. C'est le nom qu'il a crié la dernière fois que l'on a couché ensemble.

Sa voix se faisait plus grave, son débit de parole plus rapide.

- Alors je ne sais quel genre de relation tordu vous avez eu tous les deux, mais laisse te dire une chose. Non, tu n'existe plus pour lui. Il ne se rappelle pas toi, pas même de ton visage! alors tu peux m'effacer ce sourire tout de suite, car je peux t'assurer que tu le serrera pas dans tes bras. Pas comme je l'ait fait.

Keith perdit tout sang froid. Il se jeta sur Megren, dont le coup de feu partit dans le vide, comme pour annoncé le début du combat. Le bruit du pistolet avais assourdis Keith qui ne s'en remettait plus qu'a ses poings, qui s'abattait sur Megren sans rétention. L'arme avait glissé plus loin et les douleurs sourdes qui lui était infligé par son opposant ne semblait pas avoir d'effet sur lui. Il luttait de toute ses forces, prêt a ôter la vie de son ennemi de ses poings s'il le fallait, ennemi qui semblait tout aussi déterminer que lui. Il ne s'arrêta qu'un instant, après l'avoir plaquer au sol, essuyant le sang qui coulait le long de sa pommette ouverte, le souffle haletant.

- Si tu pense... qu'il reviendra vers toi... aussi facilement... tu te trompes. Tu n'es pas celui... qu'il aime maintenant.

Il chercha des yeux le flingue, maintenant tant bien que mal Megren au sol. Là bas. A quelques mètres. L'arme de son salut.

- Et je ferais en sorte que tu ne le soit jamais.

Il s'élança vers le revolver, déterminé.

Keith n'avait pas senti la présence d'Ayden. Il n'avait pas entendu sa voix, pas vu son corps se mouvoir pour s'interposer. C'était a peine s'il avait pris conscience qu'il venait de presser la gâchette. Et pourtant. Le son retentissant, le gémissement de douleur, le cri de Megren, tout sembla se dérouler comme dans un rêve. Et il n'y avait pas d'autre solution. Cela ne pouvait pas être réelle. Keith laissa ses bras retomber, comme priver de toute sa vie, et le bruit du métal retentissant contre le bitume le fit totalement revenir a la réalité.

- Non... non, non, non, NON !

Ses bras se ré-emparèrent d'Ayden, l'arrachant a Megren.

- Non, ce n'étais pas toi... Je ne voulais pas... Ayden je t'en supplie, réveil toi!

Des sanglots sourds secouaient ses épaules alors qu'il serrait contre lui un Ayden inconscient et blessé. Par sa faute.