Mission : Retrouver la pêche

Aya fixa la jeune femme qui était en train d'approcher, la détaillant rapidement. Elle l'avait déjà vue. Dans les journeaux, en observant les mouvements autour d'Asura, en regardant les dessins de ses membres. Ainsi, quand elle s'approcha et qu'elle la salua, la jeune femme sourit, naturellement malgré le ton acerbe de la pseudo-inconnue, répondant à son salut par un simple hochement de tête. Solène Britzvania, russe, avant avait les cheveux blonds, a des capacités étranges à modeler et utiliser la terre, mais semble paralysée à la vue du sang. Concernant son passé, il aurait fallu fouiller plus profondément mais elle avait d'autres chats à fouetter.

Elle se contenta alors de se redresser, et d'agir normalement, naturellement, comme elle savait si bien le faire.

- Je n'étais jamais venue par ici, c'est superbe, calme...

Elle ne perdit pas son sourire, fixant sa main qui se promenait dans l'eau de la fontaine. Les mots venaient d'eux-même. Au fond, elle ne disait que la vérité.

- Peut-être qu'il ne faudrait pas que je parle mais... J'ai l'impression de respirer, de pouvoir me détacher de mon boulot, tout.

Elle ferma les yeux et inspira une grosse bouffée d'air. Vraiment, cela faisait du bien de souffler un peu.

- C'est super...

Elle se pencha en arrière, laissant ses cheveux pendre dans le vide.

- J'ai suivi des graffitis et je suis arrivée là. Étonnant non ?

Aya se contenta de fixer le ciel, le visage illuminé.

- Certains graffitis sont superbes et dénoncent plein de choses. Ce sont de véritables artistes. Après il y a toujours les vieux gribouillis pleins d'insultes et autres...

La jeune fille lui posa une question qui sortait de l'ordinaire. Enfin... Ce n'était pas le genre de question que l'on posait à une inconnue à qui on avait pas encore parlé mais elle décida de répondre en toute honnêteté.

- Je ne peux pas juger, je ne vous connais pas. Mais si vous vous inquiétez d'être quelqu'un de mauvais ou « naze » comme vous dîtes, c'est que vous êtes tout le contraire non ? Il n'y a que les gens biens qui se soucient de mal agir.

La jeune femme croisa les jambes et fixa son interlocutrice.

- Je m'appelle Aya, et je vous retourne la question alors, tant qu'on y est.

L'air doux caressa sa peau et balaya ses cheveux lentement. Aya était à l'écoute du moindre bruit, mais surtout de la voix de la jeune fille.

"Vous avez l'air de quelqu'un..."

Si Solène s'était arrêtée là, Aya aurait sûrement éclaté de rire, mais elle attendit patiemment la suite, un sourire amusé, s'imaginant l'histoire si la jeune fille n'avait rien ajouté.

"J'ai l'impression que vous allez être quelqu'un d'important dans le peu de vie qu'il me reste. Et je dirais que vous avez l'air gentille, ce qui pourrait être plutôt utile dans une ville comme celle-là. On peut mieux convaincre puis planter un couteau dans le dos quand on donne l'impression d'être gentille"

- C'est juste. Mais les couteaux dans le dos des gens. Très peu pour moi. Si je dois attaquer quelqu'un, je préfère qu'il le voit bien, qu'il sache. C'est bien plus amusant. J'aime m'amuser. J'aime jouer.

Elle se redressa et fit face à Solène qui s'était levée pour lui serrer la main. Sa remarque la fit sourire davantage.

- Si on se compare aux pauvres innocents citoyens de cette ville. Nous sommes tous des monstres.

Elle serra la main qu'elle lui avait tendue.

- Enchantée Solène.

Elle regarda autour d'elle.

- Vous voulez qu'on aille boire quelque chose ? Enfin, peut-on se tutoyer ?

Aya sourit de plus belle.

Aya continua de sourire tout le long du chemin. Elles entrèrent dans un café plutôt bien renommé et elle commanda un thé noir de Russie.

- Tu peux parler librement avec moi, ça ne me dérange pas, j'aime bien écouter les gens.

Et c'était vrai. Elle en apprenait des choses en écoutant les gens parler, c'était passionnant.

- Je suis née ici mais je suis partie pendant assez longtemps en Russie. J'ai vraiment aimé cet endroit. Le froid, les longues étendues calmes...

Elle sirota doucement son thé avant de reprendre.

- Je suis journaliste, c'est sûrement pour ça que j'aime écouter les gens. Mais le journal pour lequel je travaillais a fait faillite, du coup je fais quelques petits boulots par-ci par-là. Souvent du ménage. Et toi ?

La jeune femme croisa les jambes, regardant son interlocutrice droit dans les yeux, ne perdant toujours rien de son sourire.

Je suis complètement absorbée parce qu'elle raconte. J'en apprends beaucoup et j'ai donc envie d'en savoir plus. Elle me demande encore une fois si elle est gentille, si elle est quelqu'un de bien, avec un sourire. Je souris aussi avant de prendre la parole.

- Je ne serais pas là à boire tranquillement un thé si tu ne m'étais pas sympathique. Tu es quelqu'un de bien, je te l'ai dit alors que je te connaissais pas, je te le redis maintenant. Et je pense que je suis pas la seule à le dire. Tu as vraiment peur qu'on te jette la pierre ?

Elle afficha un sourire bienveillant, doux. Il n'y avait rien de faux là-dedans et cela lui faisait du bien de parler normalement à quelqu'un. Elle cherchait à en savoir plus mais ce n'était pas quelque chose de capital, elle pouvait donc se détendre et laisser le temps au temps.

- Quand j'étais petite je m'imaginais pas grand chose. J'allais grandir et devenir comme les femmes que je voyais dans les rues ou autres. Je n'avais pas grande ambition.

Elle se contenta d'être vague puisque d'une part elle ne s'en souvenait pas trop. La vengeance avait tout pris alors elle ne cherchait pas plus loin.

Aya haussa les épaules. Cela lui importait peu, cependant, chez elle, si elle voyait les gardes ça serait légèrement compromettant. Elle pourrait toujours prétendre qu'il s'agissait d'un hôtel de luxe payé par de lointains amis russes qui ne supportaient pas la voir vivre dans la rue ou simplement que grâce à ses articles elle avait pu amasser une importante somme d'argent.

- Peu importe, du moment qu'on est au chaud.

Elle se contenta de ça. Si elle avait partagé sa préférence, cela aurait pu paraître louche et il ne fallait pas attirer les soupçons. Alors elle regarda par la fenêtre du café. La masse avait engendré la formation de buée sur les vitres qui empêchait de voir clair de l'extérieur.

Le ciel était gris, c'était sans surprise, mais on pouvait déceler ça et là quelques trous dans les nuages, laissant apparaître quelques rayons de soleil. Bientôt, des arcs-en-ciel allaient se former, donnant le sourire aux enfants qui colleront le visage contre la vitre pour s'émerveiller.

Aya aurait pu être déstabilisée par ce revirement de situation mais il n'en fit rien. Elle eut un léger rire et opina du chef.

- Pas de souci! C'est pas très très loin mais je vais appeler une amie pour qu'elle vienne nous chercher!

Elle sortit le téléphone de sa poche et composa le numéro d'une membre. Sophie. Capable de vous faire croire qu'en réalité nous sommes minuscules et que des extraterrestres nous ont inventés afin de faire des expériences. Elle sait très bien faire semblant et c'est un sacré à tout. Elle sait s'adapter et sait s'arrêter quand il le faut.

Dix minutes plus tard, Sophie arriva dans une voiture assez luxueuse avec un sourire éclatant. Aya entraîna Solène à sa suite et grimpa dans la voiture.

- Désolée de t'avoir dérangée dans ta série mais j'ai rencontré quelqu'un et on ne pouvait pas rester dehors comme ça.

- T'inquiète, yavait un gros plat dans l'intrigue et Alex venait de me demander si elle pouvait passer chez moi. J'avais pas envie d'entendre sa vie amoureuse foireuse.

Elle rit, secouant légèrement ses épaules et ses cheveux rouges au carré. Elle se retourna vers Solène à un feu rouge et plongea son regard ambré dans le sien, le sourire toujours aux lèvres.

- Alors? Tu t'appelles comment?

Aya pencha la tête en arrière, fermant les yeux. Elle ne parlait que très rarement en voiture et elle se plaisait à se laisser bercer par les ronronnement de l'appareil. Sophie redémarra en ayant un rire léger.

- C'est un vieil héritage. Pratique les grands-parents.

Aya entrouvrit les yeux pour regarder les rues et bâtiments défiler, légèrement absente. Elle ne pensait pas particulièrement à quelque chose, laissant simplement à Sophie la parole, histoire de rendre la chose un peu plus vraie. De toute façon, elle, elle n'avait pas grand chose à dire à ce moment.

La voiture arriva devant la gigantesque tour. Sophie se gara dans un parking souterrain et se retourna vers Solène et Aya. Elle était toujours bien maquillée, toujours propre sur elle.

- On est arrivées! Bon alors sur le coup c'est sûr c'est impressionnant surtout avec les deux gorilles à l'entrée mais bon. On est tous riches ici et on a pas envie que des gens viennent nous voler ou quoi que ce soit.

Elle haussa les épaules et sortit de la voiture, ouvrant les portes arrière. Ay sortit et s'étira.

- Ta voiture est jolie mais elle me pète le dos à chaque fois.

- Ouais mais quand on veut en mettre plein la vue, il faut parfois faire des sacrifices.

Sophie fit un clin d’œil à Solène.

- Puisqu'on est là, et si on passait chez moi. J'ai des marshmallows et pas mal de films intéressants!

- Solène? t'en dis quoi?

Aya avait posé sa main sur la portière, en attendant la réponse, légèrement fatiguée.

Aya sourit et gratifia les gardes d'un charmant sourire. Sophie quant à elle venait de recevoir un coup de fil.

- C'est Alex! Je vous rejoins.

Elle lança les clés à Aya avant de partir dans un débat téléphonique sans fin. La jeune femme entra alors dans le bâtiment avec Solène à sa suite.

Elles pénètrèrent dans l'ascenseur et s'arrêtèrent au dixième étage. Aya traversa le couloir sans hésitation et entra dans l'appartement.

Elle jeta son sac sur le canapé et sortit des bières du réfrigérateur.

- T'en veux une? Ah et les films sont là-bas si tu veux en choisir un. Elle en a des tonnes.

L'appartement était luxueux. Un parquet gris clair et des meubles modernes. Une cuisine américaine avec un îlot central spacieux. En gros, tout respirait le luxe et le confort.

- Ça va? Tu te sens comment?