Nuit à l'extérieur

Tandis que la nuit venait tout juste de tomber, Gilbert déambulait discrètement dans les rues de la ville. Le jeune homme venait tout juste de rentrer d'une exposition orientale bien tardive durant laquelle il était retomber dans un tas de souvenirs de l'époque à laquelle il vivait encore au moyen-orient, et rentrait donc chez lui la tête pleine d'images nostalgiques. Histoire d'enfance, tout ça. Il ressemblait presque à un adolescent à sourire d'un air aussi niai.

Main droite plongée dans son pantalon,  manteau au vent, il souriait tout en se dirigeant vers son appartement. Le quartier était assez bien fréquent2. Il n'était pas aussi grandiose que celui dans lequel il avait l'habitude de vivre auprès de mam, cependant, il n'avait pas pas désir2 habiter dans un endroit aussi luxueux, car de cette façon il n'aurait que superficiellement l'impression d'avoir prit son envol. Cet endroit lui plaisait pour sa simplicité, et c'était tout ce qui comptait.

Gilbert s'approcha de la porte d'entrée de l'immeuble en fouillant dans sa poche. Clé, où es-tu...

Il passa quelques secondes à fouiller dans sa poche avant de se rendre compte que celle-ci n'y était plus. Il haussa un sourcil puis retira sa main afin de jeter un coup d'œil dans son manteau. Toutes les coutures passèrent au peigne fin.

Où l'avait-il mis...

Il en vint à retirer son manteau pour le secouer, jusqu'à ce qu'il se rappelle où était la clé.

« Elle est à l'intérieur de la pochette de mam... »

Gilbert lâcha un soupir de lassitude lorsqu'il se rendit compte qu'il allait devoir faire le chemin inverse jusqu'à l'autre bout de la ville pour récupérer sa clé. Il s'accroupit, les avants-bras posés sur les genoux, passant une main dans ses cheveux en broussaille. Qui disait qu'avoir son propre appartement était sans arrêt une pure partie de plaisir. Il jeta un rapide coup d'œil à sa montre. Gilbert avait laissé sa voiture dans le parking de l'immeuble, auquel il n'avait pas accès, et les transports en commun n'étaient plus en marche à une telle heure de la nuit.

« Je vais devoir passer la nuit dehors, on dirait. » Soupira-il.

*soupir*
C'est la nuit.
... J'aimerais tellement faire la guitare.
Mais je suis trop occupée à me chercher une raison valable de vivre.
Certes, j'ai Keenan... Mais c'est la seule raison.
Et si... si ça finissait ? Je deviendrais quoi ?

Oh et puis fuck it. Je vais déployer ma rage le plus rapidement possible.
Je n'ai juste aucune idée de mon futur, il est juste totalement trouble, totalement flou. Je ne sais même pas si j'en aurais un, de futur. Alors je chante. Je joue et je chante. Pour... m’apaiser... ?
... huh... je dérange peut-être les gens...
J'vais prendre ma gratte acoustique et je vais aller jouer dehors...

Je m'approche de la porte centrale.
Tiens, y'a des gens...
... Su !?

Je me dépêche de sortir.
"Su !"
Je m'approche et vois le jeune homme derrière qui elle se cachait.
"Hum... Bonjour"

Je... les dérange, tu crois ?

Gilbert était encore accroupi sur le sol quand une masse d'origine inconnue était apparue de nulle part et avait décidé de s'agripper à lui. Par chance, il réussit à ne pas tomber au dernier moment en posant sa main à terre. Quand bien même il avait réussi à sauver les apparences, la position dans laquelle il se trouvait était particulièrement ridicule.

Il pivota légèrement en sentant une chaleur fébrile envahir son dos, tandis que son pull commençait à s'humidifier. Il aperçut à ce moment là la demoiselle qui s'était accrochée à lui comme si sa vie en dépendait. Pendant un instant il se demanda quelle attitude il devait adopter pour ne pas la mettre dans un pire état.

Doucement, il fit glisser un main jusqu'à son épaule en murmurant quelques paroles pour arrêter ses larmes.

« Mademoiselle , vous avez... un problème ? »

Idiote comme question, bien évidemment qu'elle en avait un. Pourquoi serait-elle en train de se tenir à un inconnu en pleine nuit dans la rue avec la mine larmoyante. Gilbert tenta de l'aider à se relever mais il fut interrompu par une autre arrivée.

Visiblement, un rassemblement avait eut lieu dans le coin et une nouvelle fois, il n'avait pas été prévenu. Quelle ironie.

« Bonsoir, répondit-il quelque peu retourné, navré mais comment dire, mes épaules sont un peu... Occupées. »

Bizarrement, quelque chose me dit qu'elle ne va pas très bien.

Elle s'enfuit en criant un truc inaudible - enfin, j'ai pas compris ce qu'elle a dit - et la voilà contre un mur, en plein - ce qui semble être - trip.

"Qu'est-ce que vous lui avez fait ?" je crie au visage de l'inconnu assis sur les marches. "C'est de votre faute ? Avouez ! Vous lui avez fait quoi pour qu'elle soit dans cet état !?"

Caaaaaalme. C'est peut-être pas lui. Il à l'air innocent et complètement hors de situation.
... très bien.

Je me dirige vers Su, m'accroupis devant elle.
"Su, c'est Solène... Calme-toi et explique moi ce qu'il se passe... je suis là pour t'aider."

Je ne sais pas non plus ce qu'il se passe. Je ne sais pas quoi faire, comment réagir... On va essayer de rester impassible, huh ?

"Tu veux... Que je te chante une chanson ? Au moins, je sais faire ça..."

Je me relève, m'éloigne d'elle de quelques pas et regarde la Lune.
... C'est un croissant.
J'aime cette Lune. Elle m'aide à aller mieux...

*soupir* espérons que je peux faire ça à tout le monde, aller mieux...

Outré d'être ainsi agressé par une inconnue, Gilbert ne put retenir de hausser un sourcil d'indignation tandis qu'il se relevait en vitesse.

« Inutile de me parler sur ce ton. J'ai vraiment une tête à persécuter des gosses en pleine rue ? »

C'est probablement le cas. Mais là n'est pas le sujet.

Il resta un instant à fixer les deux demoiselles et plus particulièrement celle qui s'était accrochée à lui. Il n'y avait qu'eux de présent dans la rue, et aussi loin qu'il s'en souvienne, Gilbert n'avait jamais eu affaire à une telle situation. Il faut dire que c'était plutôt original de se retrouver à la rue pour une nuit, d'être agrippé par une inconnue et d'être accusé de violence contre une probable mineure sans aucune raison apparente. Enfin, ce qu'il voulait dire, par aucune raison valable, car les apparences jouaient quelque peu en sa défaveur.

Gilbert mit une de ses bouclettes derrière son oreille. Doucement, il s'approcha des filles tout en gardant une distance de sécurité. Question de principe.

Apparemment, elles semblaient s'être déjà rencontrées.

Il s'accroupit, n'accordant qu'un regard se voulant rassurant à la blonde.

« N'aie pas d'inquiétude, nous ne poserons pas le moindre doigt sur toi, répondit Gil, tu peux nous faire confiance. »

"Ça, ma cocotte, c'est compliqué, si on sait même pas ce qu'on doit faire partir. Tes rats ? Tes cauchemars ?"

Haha, ça peut pas être ça...
Ou peut-être que si.

Je m'approche de Su doucement. "T'es en plein cauchemar éveillé Su, c'est ça ?"
Elle tellement dans son trip qu'elle se fait saigner sans le vouloir.
La pauvre...
C'est ça... C'est ça la vie, après tout ces traumatismes.

Je m'adosse au mur où elle a fait de même, sans trop être proche d'elle.

"Hey !" j'hurles à l'inconnu. "Qu'est-ce que tu fous là toi déjà ? Elle était déjà comme ça quand tu l'as vu ?"

*soupir* Aider les gens...
C'est réellement ce que je veux faire ...?
...Nan. Ce que je veux...
Ce que je veux, c'est m'amuser.
... Et comment je m'amuse déjà ?

"Ça te dérange si j'joue de la gratte ?"

Ce qui Gilbert foutait là ? Très bonne question.

« Il se trouve que j'ai quelque peu... Égaré la clé permettant de rentrer chez moi, commença-il en désignant l'immeuble de trouvait derrière lui en le pointant du pouce, par dessus son épaule, enfin ce n'est pas très important. »

Il voulut demander à la blondie au sang chaud si celle-ci connaissait celle qui se trouvait à coté d'elle, bien plus pour la forme que par réel intérêt cependant, mais il fut coupé dans son élan par le reflux gastrique que la petite balança en évitant de peu sa camarade. Bien qu'il s'écoula sur ses habits sans la toucher, Gilbert manqua de vomir à son tour tant ceci lui portait au cœur.

Néanmoins, il se retint, probablement par compassion pour cette pauvre jeune petite.

« On ne va pas la laisser là, lâcha-il en direction de la blonde, elle va finir par nous claquer entre les doigts si ça continue. »

Gilbert lâcha sa veste puis s'approcha de la rouquine avant de saisir ses mains fermement malgré son agitation sans pour autant trop forcer. Peut-être qu'en éveillant ses sens avec douceur, elle reviendrait à la réalité.

« Réveille-toi, articula-il en exerçant une pression constante mais légère sur ses paumes, respire, ouvre les yeux. »

Hum.
Ce mec est un peu bête.

"Tu sais, je viens juste de passer par cette porte. J'habite dans cet immeuble."

A peine ai-je eu le temps de dire ça que Su lâcha un peu de son estomac... par terre.
C'est beau ce que je dis.

"Su..."

L'autre s'est rapproché d'elle pour la rassurer. Pendant ce temps, je les regarde.
Sans vraiment faire grand chose.
Elle passe son temps à s'excuser.

"Tu ne nous dérange pas... Enfin, moi, non."

Je me rapproche d'elle.

"Si ça va pas, t'as bien fait de venir ici. Tu veux que je t'aide à te changer, te nettoyer, tout ça ? Mon appart' est juste là, ce sera plus facile..."

Aider les gens...
...C'est vraiment ce que je veux faire.

Gilbert ne l'avait pas vu sortir.

« Je ne t'avais pas vu sortir. »

Il était sincère, le bougre.

Relevant tout son corps avec lenteur, il glissa son regard de l'une à l'autre. Il n'aurait pas à dormir dehors, finalement. Pourvu que la blonde ne lui claque pas la porte de l'entrée au nez , il pourrait même dormir devant sa porte. Quel chanceux il était, pensa-il avec ironie.

De toute façon, il ne pouvait se résoudre à laisser la rouquine seule. Pas dans un tel état. Gilbert savait que sa camarade s'occuperait d'elle, néanmoins, après l'avoir vu, il ne parvint à tourner le dos pour pour partir, sans s'assurer qu'elle allait bien.

Il posa sa veste sur les épaules de la damoiselle.

« Prend au moins ça le temps de te changer. »

Je propose mon épaule à Su pour l'emmener chez moi, c'est plus pratique.
Bon maintenant, plus que le voyage
Enfin, "plus que"

Je sors mes clés et ouvres la porte principale du bâtiment.

"Bon, voilà le bâtiment. Alors, j'suis au troisième étage moi, donc j'vais prendre l'ascenseur. Mais on peut le prendre à plusieurs, il accepte plus de 7 personnes ! C'est fou la technologie de nos jours..."

J'appelle l'ascenseur.
Y'a plus qu'à attendre.
Attendre...
Att...endre ?

"Je crois qu'il est bloqué... Mais j'ai pas envie de bouger... On fait quoi ?"

La question fondamentale que tout le monde - enfin surtout moi - se pose.

Gil haussa les épaules en souriant.

«Ne t'en fait pas, je pourrais toujours la laver plus tard. »

Il n'est pas très doué pour réconforter les gens, quoi que cette fois, il fit preuve de plus de diplomatie qu'à l'ordinaire. Il ne voulait  pas spécialement se montrer désagréable envers une jeune fille en un si mauvais état de toute façon.

Il suivit blondie sans rien ajouter.

L'odeur de l'entrée leur signalait que l'endroit venait tout juste d'être nettoyé. Gil ne prêta pas plus d'attention à ceci néanmoins, puisque la situation ne s'y prêtait pas vraiment.

Visiblement, l'ascenseur ne voulait pas se réveiller à une heure aussi tardive.

« Je vais aller réveiller la gardienne pour qu'elle me file un double de ma clé, leur répondit-il, de toute manière pas plus motivé que sa voisine à monter plusieurs étages, j'habite au rez-de-chaussé. Il faut juste passé par derrière puisque l'appart est un peu à l'écart. »

Il leur désigna le portillon derrière les escaliers, puis prit son courage à deux mains pour toquer à la porte de la gardienne. Elle n'était pas commode, mais elle lui fit néanmoins le plaisir de lui donner ce qu'il état venu chercher, non sans lancer quelques œillades furtive en direction des filles. Gil lui barra cependant la vue en posant son bras sur l'encadrement de la porte avec un sourire qui lui indiquait que ce qui se passait derrière ne la regardait pas le moins du monde. Une fois cela fait, et la gardienne de nouveau chez elle, il prit la direction de l'appart.

Bien...
Cet appart' ressemble au mien... Mais reste différent quand même.
Les pièces semblent changées de places. A croire qu'ils savaient pas trop comment faire.
Ou alors, ils ont fait exprès. Genre, chaque étage est différent au niveau de la répartition des salles.
Enfin bref.

"Il faudrait mieux que tu te laves, Su. J'm'occuperais de tes vêtements, je t'en prêterais... Enfin, j'te propose juste, hein."

Cette fille...
Elle est passée à travers pleins de choses en ce moment. Elle est limite hors d'elle en ce moment même.
Je... J'essaie de lui apporter tout le soutien qu'on ne m'a jamais donné.
Je sais comment on est dans ce genre de moments... Mais je m'y prends mal.
J'aime aider les gens, mais c'est pas pour autant que je suis douée pour faire ça.
Mais bon...

Gil alluma la lumière du bout de la main. L'appartement état rangé d'une manière presque stérile, comme si l'endroit sortait tout juste d'une pub de magasin de meuble. La seule chose qui semblait ne pas être à sa place était une pile de dossier posé sur la table, comme du travail relégué au second plan. D'ailleurs, l'entrée donnait directement sur le salon et la cuisine américaine, ouverte et prenant tant de place que cela aurait presque pu être qualifié de loft. La baie vitrée laissait entrer la lumière du soir à l'intérieur de la pièce.

« La salle de bain est dans ma chambre, suivez-moi. »

Il longea le couloir avant d'ouvrir une porte située tout au bout. Il alluma la lumière de l'extérieur, donnant sur une pièce aux couleurs taupes et dont les meubles donnaient l'impression d'être coloré à la façon d'un flan au caramel. Contrairement au reste de ce qu'ils avaient vu voir jusqu'à présent, l'endroit était bien plus cocon et rassurant. Plusieurs livres concernant l'ex-URSS trainaient sur le bureau, le lit était fait maladroitement... Si Gil avait été un ado, il aurait rougit de laisser apercevoir un lieu lui étant si personnel.

Il se tourna enfin vers les filles et leur montra une porte coulissante à coté de son lit.

« Par ici, leur dit-il en fouillant dans son armoire, la salle est bien assez grande pour que vous puissiez y entrer toutes les deux. Je vais préparer des boissons en attendant. »

Déposant des habits probablement trop grands sur le lit destinés à habiller la rouquine après le bain, il leur adressa un sourire pour les inviter plus distinctement à prendre leurs aises, avant de sortir de la pièce.

"Merci, pour les boissons. Et pour l'accueil."
Je sais même pas pourquoi je dis ça. Mais bon.

...ow...

"Su, écoute... J'adore aider les gens. J'en ai fait mon but depuis un petit bout de temps, et je le répètes depuis trop longtemps. Et puis... Tout ce qu'il t'arrives, je l'ai aussi vécu. Enfin, tout ce dont je sais. Alors... Comme je l'ai dis dans mes pensées à l'instant, je te donne l'aide qu'on ne m'a jamais donné. Du coup, ça me fais plus plaisir qu'autre chose. Et puis, ma vie est un peu fade... Tu mets un peu peps dans ma vie" je dis en souriant

Sans arrières pensées, hein.

"Maintenant... si tu veux pas que je te vois nue, tu me le dis, hein. Juste tu mets tes vêtements de côté et je vais t'en chercher d'autres. Je respectes la... pudiquicité ? La... La... euh. Bref. Je respectes le fait que tu sois pudique."

...Ce mec était un brave connard. Je crois deviner ce qu'il a pu faire.
J'espère qu'il souffre et qu'il souffrira pour le restant de ses jours.

"T'inquiètes. J'serai toujours là pour toi. Et pour tout le monde."

Ouais. Parce que je suis humanitaire.
Mais uniquement dans mon cercle d'amis.

...Des brûlures... l'enculé...
"Je..."
...Hum...
J'dois avouer que ça me rends pas très à l'aise...
J'ai pas eu tant de brûlures que ça. Même aucune lors de mes tortures.
Enfin, j'ai aucune trace de brûlure venant de la torture
...
Mais j'vais quand même la rassurer.
... J'ai pas mon bandage. Merde.
Tant pis.
J'enlèves mon débardeur et me retournes, pour montrer mon dos.
On peut maintenant voir ma brûlure qui est présente sur une majeure partie de mon dos, et même dessous mon bras.
"J'en ai eu qu'une, et c'est pas dans les mêmes conditions. Mais j'ai vécu cette douleur aussi. Je te comprends"

Je me retournes vers elle, sans même cacher ma "cicatrice maudite".

"On m'a aussi fait vivre des horreurs. On a chacun son expérience sur ce genre de trucs... Mais crois-moi, si y'a quelqu'un qui peut le mieux te comprendre, je penses que c'est moi... Et puis, tu peux voir mon ancienne réputation, celle d'avant Heaven..."

Sur mon ventre est présent le souvenir douloureux de cette époque. Tourmentée, souvent ennuyée, en deuil...
...Pourquoi j'avais fais tout ça ?
Maintenant, j'ai cette horreur sur mon ventre. Qualificative et inamovible.
A jamais j'aurais ce "WHORE" gravé dans la chair à coups de couteaux.
...
Mais c'est plutôt le moment de s'occuper de Su. Pas le moment de faire son intéressante.

"Allez, faut que tu sois propre comme un sous neuf" toujours avec le sourire